La dérive continue : je ne tombe toujours amoureux que de femmes, mais ne baise plus qu’avec des hommes ou presque, après de longues années hétéro, puis une longue période de « parité » sexuelle…
Ainsi, ne reste plus que le pur plaisir, désencombré de tout le cortège des obligations et autres médiocrités quotidiennes du couple, vers lequel tend toujours toute relation hétérosexuelle, surtout quand on a dépassé (assez nettement dans mon cas) le cap fatidique des 40 ans. Alors que s’il arrive aux homos de se mettre en couple, voire plus récemment de se marier, ce n’est en rien une obligation, ni des rails vers lesquels tout pousse, contexte social prédéterminant le chemin que les autres et l’Autre attendent que l’on prenne.
Pourtant, il se trouve que quand mon cœur bat, c’est toujours pour une femme. Mais par expérience et crainte du trop lourd prix à payer (je n’ai plus de quoi, à aucun point de vue), je préfère de bonnes relations avec un mec, ne fussent-elles passagères et que de cul et donc incomplètes car de peu de poids amoureux, mais en rien pesantes. Cause ou effet (in)désirable, mon désir sexuel me pousse aussi dans ce sens. Cercle vicieux ou vertueux, dans lequel ma libido semble s’être durablement introduite…
Je me surprends même, horreur ou délice, à imaginer (encore timidement, n’étant pas encore déshinibé à ce point-là) pouvoir un jour me laisser aller à tomber amoureux d’un mec, se montrant lui aussi amoureux de moi sans que je le vire aussitôt de mon lit – ou pour être plus précis : de la banquette de sauna venant de supporter nos ébats…
Mais en attendant que ce grand homojour arrive, seules les femmes s’ancrent dans mon coeur. Je leur trouve plus de profondeur, de fidélité, d’empathie, et ces qualités cardinales me séduisent. Alors de temps en temps, devant la puissante évidence humaine de l’une ou l’autre, j’oublie d’être gay.